Groupes des Années 60
Si plus de six mille groupes sont passés sur le tremplin du Golf Drouot. Une trentaine seulement ont marqué à jamais les années soixante, avec bien sûr les éternelles Chaussettes noires. Les Chats sauvages. Les Pirates ou Les Fantômes, Jean Chalvidant el Hervé Mouvet, au prix d'un long et patient travail de recherche, retraçant ce qui fut le parcours d'une génération exceptionnelle. Quarante ans après, ils ont retrouvé ces pionniers des trente groupes essentiels des années 1960-1964, qui leur ont ouvert leurs archives, raconté leurs souvenirs, souvent assez éloignés de la légende et révélé ce qu'ils sont devenus. Ce qui ravira tous les amateurs, jeunes ou de la génération du « baby-boom » du rock’n’roll français. Des milliers de ces groupes naquirent ainsi, portés par la musique instrumentale des Shadows, Spotnicks ou Ventures, puis dans le milieu des sixties, il y eut une reconversion à la « pop » Anglaise, pour suivre la mode. La plupart de nos groupes disparurent pour cause de service militaire, et entrée dans la vie professionnelle et familiale. Mais c'est ce terreau de musiciens qui alimenta le rock Français pour plusieurs décennies.
Les années groupes
Plusieurs mois viennent de s'écouler depuis mon épisode initiatique lorsqu’intervient mon deuxième flash : l'arrivée sur nos maigres ondes et nos dinosoresques tourne-disques du premier groupe 100% pur rock, qui répond à un nom burlesque et racoleur : Les Chaussettes noires. C'est au petit matin que Guy Vial, meneur de jeu comme on dit à l'époque, d'Europe N°1 grandes ondes, entre la fin de ses infos générales, quelques inévitables réclames déjà chiantes et avant de lancer l'édito de Claude Terrien à 8h 30, annonce : « Et voici Be Bop a Lula par Les Chaussettes noires ». J'imagine que nous sommes à peine 5.000 à connaître alors ce titre grâce à Gene Vincent, mais en fait, le phénomène du rock français avance au galop.
• Nouveau Palais des Sports : El j'ouvre la boîte à souvenirs. Le 24 février 1961, je suis au premier Festival de Rock du Palais des Sports de la porte de Versailles. Pour Johnny, bien sûr. Et pour les Chaussettes, qui malgré un répertoire que du haut de mes quinze ans je trouve assez restreint, obtiennent un triomphe. De ce soir-là, vient peut-être mon déphasage par rapport à notre presse chérie et démocratiquement indispensable, qui n'avait rien compris à mon plaisir et au phénomène de l'époque, et qui s'obstina à mettre l'accent sur les très relatifs incidents de la ligne 12 du métro, comportant quelques sièges lacérés el plusieurs vitres brisées. On a vu pire depuis. J'ai conclu avec certitude que la salle devait avoir pour le moins 200.000 places...
• Groupes en Poupe : Peu importe. Et puisque je parle de flash, voici mon deuxième en mai 1961, avec l'arrivée des Chats sauvages. La déclinaison de l'identité de ses membres (Dick Rivers. John Rob. James Fawler. Jack Regard et Willy Lewis) telle qu'elle figure au verso de la pochette est un peu trop américanisée pour que je la retienne immédiatement, comme cela avait été le cas avec les Chaussettes. Willy, le batteur semble plus jeune que ses comparses, je lui donne d'emblée ma préférence, juste après Dick, grâce à ses indéniables qualités de drummer. Quant à leur technique musicale, elle m'apparait alors plus sophistiquée mais moins spontanée. ils s'imposent avec un répertoire original, plus influencé par la pop anglaise que le rock américain.