Histoire d'un phénomène Yéyé
Symboles des années yéyé, l'émission de radio et le magazine "Salut les Copains" étaient les rendez-vous incontournables de toute une génération. Cet été, France 3 fait revivre le phénomène SLC par le biais d’une série documentaire en quatre volets. Le 19 octobre 1959, l’émission Salut les Copains est lancée sur les ondes d’Europe 1 par deux fans de jazz : Frank Ténot et Daniel Filipacchi. L’émission (baptisée ainsi en hommage à une chanson de Gilbert Bécaud) rencontre un succès immédiat et révolutionne la radio française en mettant en avant les yéyés. Elle diffuse les tubes de Johnny, Sheila, Claude François ou Christophe Le duo composé de Frank Ténot et Daniel Filipacchi invente une toute nouvelle façon d’animer. Le ton est décontracté, l’ambiance est à la camaraderie, on appelle les vedettes par leur prénom et tout le monde se tutoie. L'émission innove aussi en lançant les premiers jingles publicitaires. En bref, « SLC, Salut les Copains » devient le cri de ralliement.
• Succès dans les kiosques : En 1962, le magazine Salut les Copains fait son apparition dans les kiosques. Lui aussi consacré à la musique pop, il participe au lancement des artistes yéyé. Frank Ténot et Daniel Filipacchi transforment leur succès sur les ondes en succès de presse, avec l’aide des photographes Jean-Marie Périer et Tony Frank. A noter : le photographe Jean-Marie Périer a réussi l’exploit de réunir toutes les stars de l’époque pour une photo restée dans les mémoires (voir l’image ci-dessus). Près d’une cinquantaine d’artistes figurent sur cette double page, dite « Photo du siècle ». Dès le lancement du magazine, 100.000 exemplaires se vendent en une journée. A son apogée, le magazine de la génération « yéyé » dépasse le million d’exemplaires. Ce succès débouchera par la suite sur la création du groupe de presse Hachette Filipacchi. En 1969, l’émission de radio « Salut les copains » quitte les ondes d’Europe 1. Le magazine, « Salut », restera dans les kiosques jusqu’en 2006
• SLC revient sur France 3 : Le temps d'une série documentaire baptisée « SLC, Salut les Copains », France 3 fait revivre ce phénomène emblématique des années yéyés. En plus de nombreuses images d’archives, ce programme se déroule dans les décors reconstitués du studio radio de « Salut les copains ». Les nostalgiques des sixties peuvent retrouver dans ces 4 volets (diffusés pendant le mois de juillet) les idoles de leur jeunesse : Françoise Hardy, Claude François, Johnny Hallyday, Sheila, Dick Rivers ou Sylvie Vartan. Les deux premiers volets déjà diffusés ont rassemblé plus de 2,5 millions de téléspectateurs.
Bien plus qu'une émission de radio
Y a-t-il dans l’histoire de la radio en France une émission aussi célèbre que Salut les copains ? Pour le début des années 60, elle est à la fois le symbole de l’émergence de la jeunesse en tant que force sociale et culturelle autonome, de la modernisation des médias, de la révolution de la radio miniature, de l’appropriation de larges pans de la culture populaire américaine par la France… et aussi, pour toute une génération, d’une excitation et d’une ivresse partagées que n’avaient pas connues leurs devancières. Au commencement, Salut les copains n’est qu’une expérimentation radiophonique tentée une fois par semaine au cours de l’été 1959 par deux figures d’Europe 1, station qui depuis quelques années bouscule le paysage des ondes en France. Pour résumer, c’est la radio sur laquelle on invente le "matraquage" des chansons, la cohérence absolue de la programmation musicale (avec la première playlist en France), une mise en scène de la publicité, une modernisation de l’information avec beaucoup de reportages et la possibilité de faire entendre la voix des « vrais gens ». Sur cette radio, Daniel Fillipacchi et Frank Ténot animent l’émission Pour ceux qui aiment le jazz. Ils l’aiment, mais pas seulement dans sa version canonique d’avant-guerre. Ils sont passionnés par les innovations d’avant-garde, par le rhythm’n’blues de Ray Charles mais aussi par une bonne partie du rock’n’roll qui, depuis l’envol d’Elvis Presley en 1956, se morcèle en de nombreux sous-genres et esthétiques variés, qui ne sont pas toujours bien acceptés par les auditeurs de « vrai » jazz. Leur idée est de détacher ce répertoire-là de Pour ceux qui aiment le jazz, qui restera une émission variée mais plus adulte. Pourquoi ne pas donner aux plus jeunes une émission sur la musique la plus jeune … Une marée de courriers enthousiastes les convainc qu’ils ont vu juste, mais surtout donne confiance à la direction d’Europe 1. Salut les copains va trouver son public. L’émission présente l’actualité musicale avec un hit-parade et de fréquents appels aux auditeurs pour qu’ils écrivent et connaître leurs préférences. SLC s’installera au rayon des souvenirs enchantés, symbole de l’épopée. Retour...

C’était au temps où, au lycée, les garçons devaient avoir les cheveux rasés derrière les oreilles et les filles étaient interdites de pantalon. Au temps de l'apparition des premiers transistors et tourne-disques portables. A l'époque où une émission de radio va enflammer et rassembler une jeunesse qui n'avait jusque-là pas son mot à dire. Lancée le 19 octobre 1959 sur les ondes d'Europe n° 1 par Frank Ténot et Daniel Filipacchi, tous deux fous de jazz, « Salut les copains » (SLC), devient vite l'émission-phare des baby-boomers. Le rendez-vous quotidien, entre 17 et 18 heures, des collégiens et des lycéens. Durant cette tranche horaire, animée par Daniel Filipacchi, défilent ceux que l'on nomme alors les « rockeurs » : Elvis Presley, déjà star aux Etats-Unis, et de jeunes inconnus tels Dick Rivers et son groupe Les Chats sauvages, Eddy Mitchell et ses Chaussettes noires, ou encore le presque ado Johnny Hallyday ; tous pionniers du rock'n'roll en France. Une époque, les années 1960-1970, que nous fait revivre ce charmant document diffusé en quatre épisodes,
où, quinze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'adolescence était considérée comme une rapide transition entre enfance et âge adulte. C'est justement parce que les ados se sentaient dédaignés que leur ferveur en une culture qui leur est uniquement réservée va décupler. Flairant la bonne affaire, les maisons de disques lancent de nouvelles voix à tour de bras : apparaissent Richard Anthony, Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Petula Clark, puis Sheila, Frank Alamo, Hervé Vilard, France Gall, Claude François, Hugues Aufray Christophe. Sans oublier d'éphémères célébrités tels les groupes Les Surfs, Les Gam's ou Les Parisiennes. Mais les copains adorent aussi Claude Nougaro et Leny Escudero, des chanteurs à texte qu'ils placent, dans leur panthéon musical, aux côtés des vieux de la vieille, Jacques Brel et Georges Brassens. Les années yéyé ne font pas uniquement référence aux chansons d’amour. Quelques années plus tard, c’est La Californie de Julien Clerc.
